La France a–elle perdu l’Afrique ?
Conférence avec Jacques Courbin Ministre plénipotentiaire e.r. Ancien Ambassadeur
Jeudi 5 décembre 14h30 CMA Formation Pavie Renseignements utl32@orange.fr tel: 07 87 08 15 20
Un ancien ambassadeur, qui a représenté notre pays dans plusieurs pays du « continent noir », vous fait part de son point de vue et apporte son témoignage. Le 31 aout 2023, la junte militaire au pouvoir depuis juillet au Niger exigeait le départ avant la fin de l’année du contingent français en lutte contre le djihadisme et ordonnait le départ immédiat de notre ambassadeur. Ce coup de force des putschistes nigériens représente, pour nombre d’observateurs, la fin de nos illusions sur l’influence de la France dans ce qui restait de ce que l’on qualifiait il y a peu de « françafrique ».
« La France se croyait encore à l’époque de la guerre froide, où elle jouait alors le rôle de gendarme de l’Afrique. Elle n’a pas vu la mondialisation arriver et elle a continué à s’y croire chez elle ». C’est Antoine GLASER, un des meilleurs connaisseurs des relations franco-africaines, qui résume ainsi les causes multiples de la dégradation de nos relations avec les pays de l’ancien « pré carré ». On mesure ainsi l’ampleur du fossé qui s’est creusé au fil du temps, entre la réalité des situations prévalant dans ces pays et le contenu du célèbre discours que Jules Ferry a prononcé à la Chambre des députés le 28 juillet 1885, exaltant la « mission humanitaire et civilisatrice » de la colonisation française dans le continent noir. En un siècle et demi, l’emprise de la France sur les institutions, l’économie, la Défense et, de manière plus ou moins directe, sur l’ensemble des secteurs de la vie sociale des populations locales a facilité la mainmise de dirigeants souvent choisis par l’ancien colonisateur et largement corrompu. Elle a favorisé le népotisme et la prédation des ressources naturelles et, de ce fait, élargi le fossé entre les peuples, leurs dirigeants et nos gouvernants. Oubliés les apports français de toute nature au développement économique, culturel et social de ces pays et, en sens inverse, largement ignorés en France les sacrifices imposés à ceux que l’on appelait les « tirailleurs sénégalais » depuis la première guerre mondiale. Ce sont tous ces aspects de l’évolution de la relation entre la France et les états africains que nous allons vous exposer en étant, naturellement, disposés à répondre à toutes les questions que vous voudrez bien poser.